Billet

Il y a tout juste un mois, j'étais "convié" au Comité de conciliation et de contrôle dîtes "CCC" du Modem.

Voici mon courrier du 11 janvier. A ce jour, je n'ai toujours pas la position officielle, ni la décision concernant mon "sort" de cet organe disciplinaire...

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Grenoble, le 11 janvier 2012

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du CCC,

Par lettre recommandée du 23 décembre, vous me signifiez la suspension à titre conservatoire de mon appartenance au Mouvement Démocrate. J'en prend bonne note et vous apporte ici des éléments de réponse pour faciliter la compréhension des faits qui me sont reprochés.

Je tiens tout d'abord à vous signaler que le Règlement Intérieur en référence n'est pas disponible sur le site du Mouvement Démocrate et que je ne peux par conséquent pas m'y référer.

En substance, votre lettre me reproche « mon expression publique » et « l'invitation publique d'une candidate concurrente à la présidence de la République » en la personne de Corinne LEPAGE.

Les propos incriminés ne sont pas cités. Je suppose donc qu'il s'agit du passage suivant paru sur le site local Citylocalnews en date du 06/12/11 :

« C'est d'abord le MoDem qu'il espère (un peu) faire bouger. "Tous les autres partis sont déjà en ordre de marche pour les législatives. Il y a des investitures, des personnes qui ont annoncé leurs intentions, du travail fait sur les circonscriptions. C'est maintenant que ça se passe. Chez nous, non". On lui balance une date : 2012. Et le nom qui va forcément avec : Bayrou. "Le MoDem auquel je crois n'est pas le parti d'un seul homme, un club de fanatiques une fois tous les cinq ans. Il doit vivre, s'exprimer". Pas qu'à la présidentielle donc. Et pas, seulement, "en incarnant le centre. C'est ce que veut Bayrou. Moi, je n'aime pas les points géographiques, ce qui m'intéresse plus, c'est rassembler des gens, qu'ils viennent de la gauche ou de la droite". »

Je ne reviendrai pas sur le style du journaliste qui relate, à sa manière, notre échange.

Ce passage n’est que l'expression d’une volonté de voir notre fédération départementale de l'Isère beaucoup plus présente dans le jeu et l’action politique.

Mes propos publics sont d’ailleurs plutôt mesurés par rapport à la situation réelle de notre formation locale.

Ils sont l'écho de ma grande déception d'acteur de la vie publique, de la société civile, de la vie associative, de l'homme d'actions et de terrain qui a engagé son image de fondateur du Samu Social Grenoblois, d’acteur économique et toute son énergie au service du MoDem, dès les premières heures et après s'être reconnu dans les valeurs portées par François BAYROU.

J'ai été depuis 2006 de tous les combats pour accompagner la construction et l'assise de notre mouvement sur le département de l’Isère. Suppléant aux législatives de 2007, candidat aux cantonales de 2008, candidat élu dans la majorité sous l'étiquette MoDem aux municipales de Grenoble en 2008, encore membre à ce jour du groupe MoDem à la Ville et portant haut et fort nos couleurs, sur la ligne et en soutien inconditionnel à François BAYROU, depuis le début du mandat.

Le contexte départemental isérois s’est dégradé et s’est complexifié, après l’épisode fratricide des régionales. Les attitudes et postures de son ex-président ont détruit la confiance que nous portions en lui.

Je ne suis pas dupe des manœuvres organisées par un petit groupe actif qui vise à faire table rase, comme une revanche post régionale.

Mais j’ai fait le choix, avec mes deux collègues et notre attachée, de porter et de maintenir le groupe MoDem contre vents et marées, et nos prises de décisions face aux différents scrutins, mes interventions, ont toujours été dans le sens des valeurs, de la ligne et de la loyauté que je porte à notre mouvement.

J'ai participé activement aux campagnes des européennes de 2009, des régionales de 2010 où j'étais candidat. Bref, j'ai été de tous les combats.

J'étais toujours présent lors de nos grands rendez-vous tels Congrès, Universités de Rentrée, etc.

En juin 2011, j'ai également mené une liste pour le Conseil Départemental de l'Isère, où j'apportais avec mon équipe et ma candidature, de nombreuses idées constructives.

Je n'ai pas eu l'occasion de faire entendre ma voix au niveau du Conseil National, les membres de ma liste au CD ayant été tous écartés des listes présentées au niveau régional. J’aurais préféré une composition plus représentative, avec cette judicieuse dose de proportionnelle. A défaut d'une présence dans les instances nationales, plus de débats permettraient de s'exprimer, de désamorcer les crises, de construire en cohérence avec les différentes sensibilités de nos adhérents.

Concernant l'invitation de Madame LEPAGE à Grenoble, je précise que contrairement à de nombreux membres de notre formation et de notre fédération de l’Isère, je n'ai pas la double appartenance MoDem/Cap 21. En revanche, j’ai toujours travaillé de concert avec Madame LEPAGE sur les thématiques environnementales qu’elle développe depuis des années. Cette collaboration avec Mme LEPAGE date de bien avant le MoDem. Collaboration que j’ai bien entendu continué pendant tout le temps de sa présence dans nos rangs. J'étais d'ailleurs le référent local de Terre Démocrate. Nous n'avons pas cessé la coopération autour de nos travaux au moment de son départ du Mouvement Démocrate.

J’aimerais aussi vous rappeler un autre article dans ce même média qui évoquait ceci le 7 novembre 2011 :

« On l’a appris ce lundi : l’euro-députée écologiste (Cap 21) Corinne Lepage, qui est, rappelons- le, candidate à l’élection présidentielle, sera à Grenoble vendredi 18 novembre. A son programme (de campagne) : Minatec, école de la deuxième chance... Tout cela, à l'invitation du conseiller municipal grenoblois (MoDem) Stéphane Gemmani. Qui explique: "C'est quelqu'un avec qui je travaille depuis de nombreuses années. Ce n'est pas parce qu'elle n'est plus au MoDem que j'oublie nos actions communes, nos idées communes, son travail de longue date sur l'environnement. Oui, Bayrou est candidat aussi et je serai évidemment à ses côtés quand il viendra à Grenoble. Mais il me semble que Corinne Lepage a aussi toute sa place dans cette campagne présidentielle. Elle qui partage pas mal de choses, également, avec EE-LV. Le sectarisme en moins..."

Sur mes affiches, je n’ai jamais utilisé le logo de Cap 21, alors que d’autres ont arboré conjointement ceux du MoDem et de Cap 21 lors des dernières cantonales, sans jamais avoir été inquiété, ou que votre instance en ai été informée.

Vous indiquez dans votre courrier « candidate concurrente »

Au moment de sa venue à Grenoble, le 18/11/11, François BAYROU n'était pas encore officiellement candidat à l’élection présidentielle, en appui sur ce détail temporel, je récuse donc cette notion de concurrence.

J'ai aussi un peu de mal à saisir l'ampleur de la réaction du Comité eu égard au fait que Corinne a été vice présidente, membre fondateur du MoDem alors qu'un des mots d'ordre de la campagne de François BAYROU est le « rassemblement de la famille centriste », et que j’estime pour ma part que le positionnement de Mme LEPAGE est bel et bien le courant « écolo-centriste ».

A l’heure du ralliement de bon nombre, et notamment de certains qui n’ont pas été avares en propos acerbes, abjects, voir diffamatoires, nous ne pouvons laisser sur la route des militants dont la sensibilité est proche de celle de Mme LEPAGE.

Une considération spécifiquement locale fait que nous sommes l’une des grandes villes la plus encline à basculer du coté de EELV lors de la prochaine municipale.

J’adhère et je participe activement à la démarche et aux travaux entamés par Jean Luc BENHAMIAS et Christophe MADROLLE dans le cadre d’Ecologie et Démocratie.

L'accueil de Corinne LEPAGE s’inscrit dans ce cadre des démarches d’Ecologie et Démocratie dont l'un des objets est de "débattre avec toutes les formations se revendiquant de l’écologie politique en France et en Europe" et de "discuter avec tous les démocrates, laïcs et républicains."

La venue d'un membre reconnu dans le domaine environnemental de l'équipe nationale avait été demandée notamment pendant les dernières cantonales. Les disponibilités de Yann WEHRLING ne nous ont pas permis ce renfort.

Corinne LEPAGE a une bonne connaissance de dossiers locaux sensibles, (Rocade, Lycée Mounier, Minatec...), qu’elle a également abordé professionnellement ou dans le cadre de son mandat européen, en plaidant certains de ces dossiers.

Sa venue nous a permis de renforcer les passerelles avec les collectifs grenoblois d'habitants qui suivent ces dossiers.

Certes, les propos relatés dans la presse locale après son passage à Grenoble étaient sévères à l'encontre de François BAYROU, mais les propos n'engagent que ceux qui les tiennent, et en aucun cas je n'ai tenu des propos similaires ni n'ai été associé à ceux-ci.

Parmi les trois articles de notre charte éthique que vous m'indiquez avoir enfreint, je ne retrouve pas le dénigrement mentionné dans l'article IX et pour lequel je me suis exprimé. Je ne reconnais pas non plus l'infraction à l'article VIII qui impose de se conformer à l'organisation en place ni celle à l'article X qui traite du respect des décisions d'investiture, car toujours dans ce même billet, il n’était question que de ma candidature à la candidature.

Je ne vous cache pas la blessure que cette procédure provoque en moi. Je reconnais volontiers mon tempérament enflammé, latin, parfois impatient. Depuis plus de 21 années, je suis reconnu comme un acteur du département à part entière, ayant créé le Samu Social à Grenoble, avec un rayonnement intercommunal.

Mes résultats et mes actions en tant qu’élu sont reconnus au delà de Grenoble, et notre ville n’a jamais eu autant de reconnaissance et de récompense dans la délégation que je porte depuis mes prises de responsabilité dans cette mandature.

Mon tort est-il de vouloir faire en sorte que le MoDem soit enfin considéré comme un parti à part entière ; actif, dynamique, présent, incontournable, novateur et humaniste ?

Vous m’avez convoqué le 25 janvier prochain. Je serai là…

Contrairement à d’autres, je n’ai que l’ambition du cœur qui semble ne pas peser lourd face à l’ambition tout court.

Après vous avoir apporté mon point de vue, je tiens à vous exprimer le maintien de ma volonté de me porter candidat pour les élections législatives sur la troisième circonscription de Grenoble.

Je comprend bien que la procédure disciplinaire engagée à mon encontre risque d’être longue et je ne présagerai pas ici de son issue.

Dans l'attente de notre rencontre, veuillez agréer, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du CCC, mes sentiments respectueux.

Bien à vous

Stéphane GEMMANI

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