Liberté pour Boualem Sansal, oui. Récupération politique, non.

Billet

Que Boualem Sansal soit menacé de dix ans de prison par la justice algérienne pour ses écrits est profondément choquant.

Je soutiens, comme beaucoup, sa liberté d’expression et le droit fondamental à penser librement.

Mais voir Laurent Wauquiez faire afficher son portrait sur la façade de la Région Auvergne-Rhône-Alpes n’a rien d’un geste neutre ou désintéressé. C’est un nouvel acte d’instrumentalisation. Une manœuvre politique.

L’extrême droite, dont il épouse chaque jour un peu plus les méthodes, s’approprie la voix de Sansal parce qu’il dénonce l’islamisme. Mais elle oublie volontairement que Sansal combat le fanatisme, pas la foi ; le totalitarisme religieux, pas l’islam ; et qu’il le fait au nom de la raison, de l’universalisme et de la liberté – pas du rejet, de la peur ou de l’identité fermée.

Or, dans le même temps, la Région soutient un spectacle monté par des réseaux intégristes, identitaires et ultraconservateurs, liés à la Fraternité Saint-Pie X et à des mouvances comme Génération Identitaire. Ce projet est financé par le Fonds du Bien Commun, structure farouchement opposée à l’IVG et aux principes de laïcité.

Ce double langage n’est plus tenable. Il y a là un usage indécent d’un combat pour la liberté, pour servir une guerre culturelle menée par la droite radicalisée.

Je soutiens Boualem Sansal pour ce qu’il incarne : la pensée libre, le courage intellectuel, et la fidélité à des valeurs humanistes. Pas pour qu’il devienne le prétexte d’une nouvelle offensive identitaire.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://stephanegemmani.fr/trackback/880