Enfin une décision à la hauteur de l’impériosité de la rue.

Billet

Il est des mots que l’on emploie trop légèrement, et d’autres que l’on hésite à affronter.

Le mot impérieux, lui, n’est pas un ornement. Il est le cri des corps transis sous les porches, le souffle court des enfants blottis sous des couvertures trempées, la plainte muette des mères qui n’ont plus de clef à tourner le soir.

Oui, l’impériosité se vit, elle ne se théorise pas. Qui voudrait vivre ne serait-ce qu’une semaine, qu’une journée dans la rue ? Qui accepterait la promiscuité des hébergements collectifs, l’errance des nuits sans abri, le regard dur de la société sur les naufragés du logement ?

Alors, quand une ville décide enfin de faire primer la dignité sur la frilosité administrative, il faut saluer ce courage. La démarche engagée par la Ville de Grenoble, de demander la réquisition des logements vides et de se préparer à agir par arrêté municipal si l’État ne répond pas, est à la fois une mesure de justice et un acte de survie. Car il ne s’agit pas de braver pour braver, mais de répondre à une réalité inacceptable : 250 enfants dorment dehors chaque soir à Grenoble.

Cette décision est, à mes yeux, un espoir. Un appel à l’humanité qui dort encore dans les lois. Un exemple pour toutes les communes de France. Que cette initiative fasse école, que ce sursaut moral traverse nos territoires, et que l’on comprenne enfin qu’un logement vide, face à une vie en péril, ne peut rester une coquille silencieuse.

L’urgence n’est pas dans les textes, elle est dans les regards, les souffles, les corps. Elle est là, et elle est impérieuse.

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