Voir Laurent Wauquiez se heurter au mur du réel ne m’apporte ni triomphe, ni revanche, mais un soulagement lucide. L’homme, si prompt à se draper dans les oripeaux de la République pour mieux en travestir l’esprit, n’a cessé de flirter avec les ombres. Il a emprunté, sans scrupule, les mots, les postures, les obsessions de l’extrême droite, croyant peut-être en hériter la force sans en porter la honte.
Face à lui, Bruno Retailleau se présente comme un héraut d’une droite assumée, droite dans ses convictions, rigide dans ses dogmes. Il avance sans masque, c’est vrai. Il croit à ce qu’il dit. Mais ce qu’il dit, et ce qu’il défend, respirent l’air vicié d’un passé qui excluait, qui jugeait, qui condamnait au nom d’un ordre figé. Son discours poli est un glacis ; son verbe mesuré dissimule mal des certitudes rances. Il ne crie pas, mais il enferme.
Ces deux hommes, à leur manière, servent la même pente. Ils déroulent chaque jour, volontairement ou par stratégie, le tapis rouge à ce que la République a de plus à redouter. Ils veulent la contenir en l’imitant, la combattre en s’y pliant. Mais l’Histoire l’enseigne : on ne retient pas l’abîme en s’en rapprochant.
Alors que le danger monte, que les discours d’exclusion deviennent des projets de gouvernement, il faut une gauche qui ne tremble pas. Une gauche qui rassemble, qui élève, qui tranche là où il le faut. Car une gauche qui abdique devant les passions, ou qui les copie, est une gauche qui trahit. Et face à la peste brune, on ne peut pas faire semblant d’hésiter. Il faut se lever, et dire non, clairement, fermement, dignement.
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