Rappelons qu’un malade atteint du covid est d’abord une victime, et non pas un délinquant, et qu’il n’est pas à exclure que la méthode utilisée nous amène vers une stigmatisation et une discrimination des personnes atteintes.
La mobilisation militante avec l’arrivée du VIH dans les années 80, avait permis de faire comprendre aux autorités de l’époque, que toutes les décisions qui se feraient sans le consentement du malade étaient vouées à l’échec. Aujourd’hui, il semble que les acquis de cette époque ne soient plus d’actualité. Pourtant, on sait que tout système de traçage qui se ferait sans l’accord de la personne concernée, génèrerait presque automatiquement des phénomènes de contournement qui ne permettent plus de canaliser la propagation du virus.
Mais normalement, la première chose que l'on doit appliquer est le régime de soin. Ici, on utilise la peur pour intervenir dans les notions même des libertés fondamentales. De plus, aucun organisme de vigilance n'a été nommé pour accompagner ce dispositif qui n’a pas été non plus évalué... Mon esprit républicain a envie de faire confiance à nos responsables politiques, et malgré quelques désaccords, j’ai envie de te faire confiance Olivier... Mais nous sommes dans une approximation et dans un système d’état d’urgence permanent, qui m’empêche de laisser cette place à une confiance totale et absolue.
Déjà, pourquoi ne pas appliquer tout simplement ce protocole existant, qui encadre les maladies à déclaration obligatoire par un personnel qualifié et assermenté ?
Personnellement, je trouve que l’on passe beaucoup de temps et certainement beaucoup de moyens sur cette question. On va certainement me dire que je vois les choses par un petit bout de la lorgnette, mais permettez-moi d’évoquer une certaine intelligence du réel. Dans le métier de chauffeur de bus que j’exerce, et depuis un peu plus de 20 jours, nous voyons des quais et des bus déjà bien remplis, et que l’on imagine bondés à parti du 11 mai, où la distanciation physique est difficilement applicable, avec des usagers n’ayant pas forcément les moyens de s’équiper de masque (1/5), et qui n’ont pas d’autres alternatives que de prendre les transports en commun. Nous sommes aussi dans une situation où la gestion de celles et ceux qui verront des usagers non équipés dans le véhicule qu’ils occupent, et avec cette promiscuité qui est la meilleure alliée du coronavirus, et une distanciation impossible à respecter dans l’espace réduit des bus et tramways, risque de générer quelques hostilités que nous aurons du mal à canaliser.
La première solution avant cet éventuel "tracing", aurait été la gratuité des masques. Certains pays européens l’ont décidée. Des collectivités locales également. Il en va de l’intérêt public. Et je suis effaré, pour ne pas dire attristé, de voir ces files d’attente à perte de vue devant les grandes surfaces, de gens qui cherchent à acquérir des masques devenus un produit d’appel étalé aux caisses des supermarchés, à coup de publicité, et qui grossit un ticket de caisse que bien des ménages ont déjà du mal à acquitter dans la période.
Alors pour que nous puissions déconfiner en toute sécurité, en toute tranquillité, en mettant toutes les chances de notre coté pour éviter une éventuelle "seconde vague", réclamons partout et par tous les moyens la gratuité des masques pour toutes et tous...