Quand Sarkozy propose une accessibilité d'apartheid...

Billet

Interrogé sur les contraintes administratives qui pèsent sur les petites entreprises par un participant de l'émission "Des paroles et des actes", l'ancien Président de la République a déclaré sous une forme de brève de comptoir, que les normes sur l'accessibilité étaient ruineuse pour les communes...

Il propose que seule une petite partie du parc de logements et d’écoles soit rendue accessible, en prenant quelques libertés avec la réalité.

Se disant "heureusement" « très attaché aux normes handicapés », l’ex-président de la République s’est en effet livré à une attaque en règle contre la réglementation sur l'accessibilité, entre autres, les règles applicables aux immeubles d’habitation.

Au : "..des salles de bains plus grandes que des chambres d'enfants...", on lui opposera les éléments factuels des 6 à 7 mètres carrés suffisant à aménager une salle de bains accessible, avec baignoire et toilettes. Les chambres d’enfants que Nicolas Sarkozy a visitées devaient donc être vraiment très petites… Surtout, que cette norme ne s’applique qu’aux immeubles dotés d’un ascenseur. Plus précisément, les logements situés dans un immeuble avec un ascenseur doivent permettre à une personne en situation de handicap, d’utiliser la cuisine, le séjour, une chambre, un W.-C. et une salle d’eau.

Dans les autres immeubles, seuls les appartements situés en rez-de-chaussée doivent respecter cette règle. Or, les ascenseurs ne sont malheureusement obligatoires que dans les bâtiments d’habitation d’au moins quatre étages (R4), en plus du rez-de-chaussée. En 2012, deux fois plus de permis de construire ont été accordés pour des immeubles d’au plus trois étages que pour des R4. Autrement dit, la norme que dénonce Nicolas Sarkozy ne concerne qu’une partie du parc.

Nicolas Sarkozy a ensuite poursuivi scandaleusement son raisonnement discriminant en tirant une conclusion radicale de ses observations incomplètes : "Est-ce qu'il ne vaudrais pas mieux réserver 10 % des HLM vraiment pour les handicapés plutôt que d'appliquer des normes de cette nature qui ruinent les communes qui n'en peuvent plus. Pareil pour l'accessibilité dans les écoles. On n'est pas obligé de mettre des ascenseurs dans toutes les écoles, il n'y a qu'à réserver une ou deux écoles pour l'accessibilité handicapés."

L’accessibilité est un droit pour tous, et chacun doit pouvoir circuler librement, en toute sécurité,et le droit à l’éducation pour tous les enfants, quel que soit leur handicap, est un droit fondamental...

La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a consacré ce droit et permis le développement d’actions en faveur de la scolarisation des élèves en situations de handicap. Désormais, de plus en plus d’élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu scolaire ordinaire grâce à la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République du 8 juillet 2013 ou figure désormais, dès l’article premier du code de l’éducation, le principe de l’école inclusive pour tous les enfants, sans aucune distinction.

En faisant la proposition de « réserver » un certain nombre d’écoles pour les élèves en situations de handicap, le président du parti les Républicains désire revenir sur la conception d’égalité de tous les enfants.

Une vision rétrograde et discriminante des personnes en situation de handicape, dont chacun devra se souvenir en temps et en heure.

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