Les pauvres menacés d'être mis à la diète en Europe

Billet

Les Européens ont échoué mardi à trouver un accord pour maintenir en l'état un programme d'aide alimentaire crucial pour les pauvres tirée des fonds agricoles, renvoyant toute décision à plus tard alors que les associations caritatives tirent la sonnette d'alarme.

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Le blocage provient de six des 27 Etats de l'UE qui "sont clairement opposés" à une solution permettant d'éviter, en 2012 et 2013, une réduction drastique du Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD).

L'Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark, les Pays-Bas et la République tchèque forment à eux seuls une minorité de blocage qui pourrait faire passer les fonds alloués au PEAD de 480 millions d'euros cette année à 113,5 millions d'euros en 2012.

Six Etats décident donc d'affamer 18 millions d'Européens démunis.

L'enjeu est de taille: ce programme permet de distribuer chaque année 440.000 tonnes d'aide alimentaire dans une vingtaine d'Etats.

Il sera très difficile d'expliquer pourquoi un programme qui a 25 ans d'histoire sera bloqué pour deux ans juste parce que certains Etats membres ne souhaitent pas assumer leur responsabilité politique et se cachent derrière toutes sortes d'arguments juridiques qui n'ont pas lieu d'être.

Les Six brandissent un arrêt de la Cour européenne de justice, qui, en avril, a estimé que ce programme lancé en 1987 sous l'impulsion du président de la Commission européenne de l'époque, Jacques Delors, à la suite de l'appel du fondateur des "Restos du Coeur", l'humoriste français Coluche, avait été dénaturé.

De fait, les excédents agricoles qui l'alimentaient ont pratiquement disparu, au point d'être supplantés ces dernières années par des achats massifs de nourriture, financés par la Politique agricole commune (PAC).

Or, ces achats n'ont rien à voir avec la PAC et relèvent de la politique sociale.

Et cette dernière est du ressort des budgets nationaux. Dans son principe, l'aide aux démunis est le devoir des Etats, mais la présidence polonaise de l'UE comme la Commission ont rejeté ces arguments.

Les ONG ont tiré la sonnette d'alarme, et ont mis en garde contre "une crise humanitaire" dès 2012.

Concrètement, une telle décision entraîne, pour l’année 2012, un budget du PEAD uniquement basé sur les surplus. Soit un budget d’un montant de 113 millions contre 480 millions d’euros en 2010, pour 20 pays, c'est-à-dire une baisse de 75%.

En ce qui concerne plus particulièrement la France, le budget passera de 72 millions d’euros à 15,8 millions d’euros. Une telle décision a bien évidemment des conséquences dramatiques sur les actions de solidarité en direction des familles.

Quoi qu’il en soit, il n’est pas question pour les associations, de choisir entre les plus pauvres des pauvres. Mais surtout, nous comptons tous que toutes ces réactions vont permettre la mise en place d’un système pérenne d’aide alimentaire en Europe.

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