La psychiatrie à l'abandon...

Billet

Ce 10 mars, un déséquilibré frappe au hasard six passants, dont un octogénaire, encore dans un état critique, nous ramenant au meurtre d'un étudiant, cours Berriat, le 12 novembre dernier.

J'aimerais encore témoigner de mon soutien et d'une pensée pour les victimes ainsi qu'à leurs familles, du choc et de la douleur qu'une telle agression procure.

La schizophrénie est ignorée et dissimulée au grand public, tout comme les autres maladies mentales.

Cette maladie touche pourtant, aujourd'hui, près de 1% de la population française, soit 600 000 personnes. dl110309.jpg

Depuis de nombreuses années, le débat sur le sort de la psychiatrie française reste au fond des cartons.

Depuis plusieurs années, la psychiatrie s’enfonce dans la paupérisation avec la fermeture de 50.000 lits, l’accroissement de la pénurie de personnel (1000 postes vacants de psychiatres et 10% de soignants en moins) et le retrait du parcours spécifique de l’infirmier.

Aussi, à peine stabilisés, les patients sont poussés vers la sortie : beaucoup d’entre eux, notamment les schizophrènes qui se sont marginalisés de leur famille, échouent dans la rue, faute de places suffisantes dans des structures relais à l’hospitalisation.

Ces laissés-pour-compte trouvent de plus en plus un refuge paradoxal en prison, où ils sont incarcérés après avoir commis des délits sur la voie publique.

Selon une étude menée en 2004, un détenu sur quatre présenterait des troubles psychotiques. Inimaginable il y a encore quelques années, la trilogie hôpital psychiatrique-rue-prison s’est ainsi installée dans le paysage de la santé mentale.

Des moyens doivent être attribués aux hôpitaux psychiatriques afin de créer des lits supplémentaires, des places en accueil de jour, mais aussi une véritable plateforme urgentiste de nuit, pour faire face à la multiplication de ces demandes et besoins.

Il faut surtout le recrutement de moyens humains à l’aide de mesures relançant l’attractivité de la profession : psychiatres, psychologues, infirmiers, ergothérapeutes...afin de permettre aux patients grâce à des soins de qualité de se réinsérer progressivement dans la société.

En sécurisant la schizophrénie, on risque de ruiner la psychiatrie ; et en attribuant trop rapidement, le sobriquet de « SDF » au premier déséquilibré, nous risquons de stigmatiser le peuple de la rue, en « grands méchants fous ».



Malheureusement, rien ne devrait atténuer ce sombre tableau dans les prochaines années. Au contraire, les préoccupations essentiellement sécuritaires en matière de psychiatrie ne devraient qu’accentuer la tendance à la pénalisation de la folie.

Même si je ne suis pas complètement hostile à la pose de bracelet GPS aux patients en promenade, tout se passe comme si l’on cherchait à dénier à la psychiatrie sa fonction soignante et à lui assigner un autre rôle, celui d’enfermer et de surveiller.

Peu à peu, les frontières se brouillent entre l’hôpital et la prison : la prise en charge des malades mentaux, elle, reste hors sujet.

Commentaires

1. Le mercredi 18 mars 2009, à 21 h 05 par sa soeur

merci du soutien quotidien apporté aux plus défavorisés.votre prise de parole publique en de pareilles situations permet de soulever l'aspect social que n'investissent pas les poltiques...et permet aussi d'éviter une vision manichéenne primaire des faits divers concernant les malades atteints de ces pathologies complexes.je vous invite à élargir votre champs de réflexion...rdv sur daily motion, commentaires sur cette vidéo.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.