Forum Libération : Gauche : la balle au centre ?

Billet

L'intégrale du débat Marielle de Sarnez (MoDem)/ Michel Destot (PS)...

Texte alternatif

Marielle de Sarnez. Députée européenne UDF-Modem.

Bonne nouvelle. Pour tous ceux qui ne se satisfont pas de la vie politique française telle qu’elle est organisée depuis trop longtemps, désormais le centre existe et il n’est pas à vendre. Allié, ou plutôt rallié à la droite pendant des décennies, le centre s’est libéré de ce conformisme et de cette contrainte. Il a choisi d’être lui-même. Ayant cessé d’être le supplétif de la droite, il ne sera pas demain le supplétif de la gauche. Ceci mérite d’être dit. Je sais bien que nombreux et puissants sont ceux qui veulent que la vie politique se résume à deux forces, et à deux seulement, apparemment contraires, mais en fait complices. Pour eux, le centre doit être d’un côté ou de l’autre, puisqu’il n’y a que deux côtés. Mais, à côté de ces conservateurs de la politique, plus nombreux encore sont les Français qui aspirent à une force politique et à des attitudes nouvelles. Ce dont la France a vitalement besoin, c’est d’un nouvel horizon démocratique et réformiste. Le projet démocrate que nous portons a vocation à réunir tous ceux qui souhaitent construire cette force alternative nouvelle. Ce projet devra répondre à quatre grandes questions : Comment rendre le citoyen conscient et responsable, et non pas manipulé par la communication ? Comment construire une société économiquement efficace, mais où les valeurs de vie en commun ont toute leur place ? Comment donner à l’État, une place de régulateur, de partenaire et non pas d’acteur universel ? Comment parvenir à un nouvel équilibre du monde ?

Michel Destot. Maire PS de Grenoble.

Rien ne serait pire que de voir la question des relations gauche - centre se régler sans débat d’idées, par des alliances purement tactiques à l’occasion des prochaines élections locales. De la création du parti radical en 1901 à l’ouverture de 1988, l’alliance avec un centre progressiste a toujours constitué une interrogation forte de la gauche de gouvernement. Avec ou sans participation, souvenons-nous que les socialistes et les radicaux ont mené ensemble les gouvernements Briand, Blum et Mendès France, suscitant à l’époque les mêmes débats passionnés qu’aujourd’hui. Si l’on considère que la dernière élection présidentielle marque la fin du cycle d’Epinay et de la stratégie d’union de la gauche, analyse que les scores de tous les derniers scrutins nationaux corroborent largement, l’idée d’un large rassemblement comprenant le centre (sans exclusive vis-à-vis des Verts et du reste de la gauche) ressemble à une évidence, sauf à renoncer aux responsabilités. Pour autant, cette alliance serait une illusion si elle n’était que d’opportunité. C’est donc par le débat de fond, en particulier sur nos divergences éventuelles (rôle de l’Etat et des services publics, laïcité, moyens de la lutte contre l’exclusion, etc.) que peut se penser un avenir commun, ce qui suppose de lever pour chaque partenaire l’ambiguïté sur son identité et son projet. Pour le PS, cela signifie que la question des alliances ne doit pas se substituer à la refondation idéologique nécessaire. Pour le Modem, cela veut dire que la démarche initiée par François Bayrou «d’arrachement» d’une partie de la droite à son propre camp n’est pas affaire de circonstance, ce qui nécessite de dépasser la posture «anti-système» pour clarifier une pensée et un projet.

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