Respecter ce qui dure plus que les hommes

Billet

Du 8 avril au 15 avril dernier, nous nous sommes accordés, Marie Laure, Michael, Leeloo et moi, une semaine de grâce, dans le sud tunisien, dans ce pays dont la carte ressemble à une femme enceinte, et ou la beauté se raconte encore moins que le bonheur de vivre ces instants.

Palmiers, Koubas, chèche, secrets, trajets infinis et prunelles exaltés...

Le Sud, ce Sud qui se fait et se défait, est le meilleur diaphragme pour capter cette insaisissable contrée.

Le Sud ; les oasis ; le désert...

Des mots féériques, prodigieux, évocateurs de secret que l'imagination nimbe d’éclats sublimes en captivant toutes ses arcanes.

Il n'est pas un de nous que ces mots n'aient fait rêver, qui n'ait ressenti, à leur clameur, ce choc ou cet étonnement.

Pas un, sans doute, qui n'ait désiré s'évader de ses servitudes « policés », tel un Saint-Exupéry dans l’attente de son petit prince, en dehors de nos inexorables obligations.

Echapper à cette société félonne, et fuir aussi bien nos engourdissements transis, pour errer sans entrave dans ce pays de soleil radieux.

Jean SERAN disait de la porte du désert : "Quand on arrive à Douz on a franchi une frontière et abordé un monde nouveau, un monde à part, un monde qui boude le reste du monde, replié sur lui-même, sur ses traditions séculaires, sur ses coutumes encore préservées, sur ses consignes ancestrales toujours impérieuses. Ce monde là s'appelle M'razigues »

Ici et là écrivains, peintres et photographes venaient passer la saison d'hiver dans ces villes célèbres pour ses thermes, ses oasis, ses villages et aussi ses Ouleds Nails, ces bédouines richement parées qui se prostituaient afin de se constituer une dot et de se choisir elles-mêmes un mari à leur retour dans leur tribu.

La luxuriance de la végétation dans ces écrins divins pour le pèlerin saharien, s'accommodent précisément de la fortune des couleurs du désert ou l'idée d'infini de l'espace et du temps reste inégalable par ces images et la singularité même des couleurs.

Ces dégradés qui s’atténuent, le contraste entre le sable et le ciel dans les symboles du désert ou les couleurs varient selon l'heure de la journée et ou le bleu du ciel saharien est infiniment moins intense que celui des rivières qui irriguent les oasis, décorent d'innombrables scénettes où s'exprime parfaitement l'art incomparable des conteurs qui embrasent les oasis par leurs histoires, plus que des soleils couchants et rougeoyants qui transfigurent l'image originelle, répondant ainsi à nos espoirs.

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Quelques jours de vie traditionnelle avec nos hôtes sahariens et découvrir avec eux le désert, ces balades dans les dunes, la découverte de la faune et de la flore, les 3 thés autour du feu, le silence, ce merveilleux silence, le bruit du vent, une lecture à l'ombre d'un buisson, la confection du pain, les couchers de soleil, la flûte et le tambourin, les chants, le ciel étoilé, les dromadaires, les ânes et charrettes, les oasis, un champ de roses des sables, une source, se laver les mains avec ce sable couleur brique et délicatement farineux, les soirées festives, autour d'un feu de bois, comme l'est chaque soirée dans le désert, intime et vraie, loin des excès occidentaux, les tentes bédouines, le ciel étoilé, les troglodytes…

J'aime le désert.

On s'assoit sur une dune de sable.

On ne voit rien et on voit tout.

On n'entend rien et l'on entend tout.

Quelque chose rayonne en silence...

Finalement, le désert, c'est un peu d’infini mis à la portée des hommes.

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