Mais dans les faits, cette mesure sera difficile à appliquer.
D’un seul coup, d’un seul, à l’orée des élections présidentielles et d’une surmédiatisation, habituellement cyclothymique et annuelle dans la période hivernale, des mesures vont être prise à la va vite pour rentrer dans les cordes des échéances.
Le droit au logement opposable que Jacques Chirac souhaite inscrire dans la loi française n’est indubitablement pas la solution miracle pour les 3 millions de mal logés en France ?
Un tel outil doit permettre à une personne privée de toit de poursuivre les pouvoirs publics devant un tribunal en cas d’impasse dans ses démarches.
En devenant un droit opposable, le logement n’est donc plus seulement un objectif, mais une obligation pour les collectivités, avec des sanctions à la clé.
Mais qui punir alors en cas de litige : la Ville, l’agglomération, le Département ou l’Etat ?
Du foutage de gueule préélectorale…
Depuis combien d’années nous, acteurs et bénévoles, interpellons les élus, qui ne répondent pas, ni même accusent réception de nos courriers, de nos demandes de rendez-vous et de nos dossiers ?
Depuis combien d’années nous invitons ces mêmes décideurs à venir se rendre compte et cela toute l’année des difficultés d’actions et de l’ampleur de l’épidémie de misère que notre pays vie actuellement ?
Pourquoi les médias ne sont-ils pas si actif toute l’année pour mettre en exergue les problèmes que nous communiquons depuis tant de temps ?
La star-academisation parisienne, médiatique et politique est-elle définitivement le seul moyen d’alerter l’opinion publique ?
Aujourd’hui, il existe deux seuls secteurs opposables : Education et Santé.
Une personne peut par exemple porter plainte contre son hôpital si elle estime avoir été victime d'une erreur.
Déclaré coupable par la justice, l'Etat devra alors verser une indemnisation au plaignant.
Et puis il y la loi Besson, Loi n° 90-449 du 31 mai 1990, visant à la mise en oeuvre du droit au logement, qui à pour objet de garantir le droit au logement, dans cette philosophie qui constitue un devoir de solidarité pour l'ensemble de la nation.
Toutes personnes ou famille éprouvant des difficultés particulières, en raison notamment de l'inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d'existence, a droit à une aide de la collectivité, dans les conditions fixées par la présente loi, pour accéder à un logement décent et indépendant ou s'y maintenir.
Cette application de la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) n’a jamais été réellement appliqué car le but de toute loi et d’être contourner, singulièrement par ceux, parfois, qui sont les législateurs.
De nombreuses communes, préfèrent rester "entre riches", allant même lors de constat de carence à payer des amendes qui pour certaines, s’élèvent à un millions d’euros (200 euros environ pour chaque logement qui manque), laissant aux autres le soin de résoudre les problèmes de mixité sociale. D'autant plus inquiétant que le logement dit "social" l'est de moins en moins.
Un candidat à la présidentielle détient un record encore plus scandaleux, en affichant un taux de logements sociaux de 2,6% !
Saluons cependant l'effort, puisque le chiffre plafonnait à 1,3 % en 2002.
De quoi, effectivement, venir donner des leçons sur la politique à mener en banlieue, et un objectif de 0 SDF dans 2 ans...
Regrouper les familles pauvres, les étrangers, les chômeurs dans des quartiers périphériques à l'habitat dégradé et hautement dégradable a longtemps été un moyen sûr de ne pas voir les problèmes - payé d'une explosion sociale, de ci ou de là, de temps à autres.
Mais pour le publique sans domicile, le problème est encore plus complexe, car la déstructuration psychologique et parfois physique est plus intense et nécessite un suivi plus assidu et de l’ordre du microchirurgicale si l’on veut résorber la misère en profondeur et définitivement.
Depuis 17 années, nous nous battons pour être entendu par nos responsables politiques. La volonté des élus de tous bords d’organiser un maillage intercommunal qui assure l’hébergement de l’ensemble des SDF en Isère, mais ailleurs en France, fait toujours défaut.
Ce projet se développe en 3 points :
Fédérer les associations et les structures sociales publiques locales, de l’agglomération et nationales, en une toile étroite et liée, en créant une banque d’informations accessible à tous les partenaires sociaux par le biais de l’Internet, permettant aux diverses structures d’avoir plus de connaissances sur ces partenaires, palliant dans un premier temps au manque de communication entre chacun, afin de répondre et de mieux orienter les besoins et les demandes des bénéficiaires.
Pérenniser l’espoir et le lien social, en orientant les bénéficiaires des différents services vers d’autres structures de l’agglomération ou vers d’autres structures de villes de France, quand l’impossibilité de suivi s’opère dans une ville, pour des raisons d’organisation ou autres, afin de ne pas casser l’espoir créé entre un bénéficiaire et une structure d’aide, et garder tous les bénéfices liés au travail des différents partenaires associatifs ou publics.
Développer ce lien dans les communes d’agglomérations directes et rurales, car dans le processus de réinsertion, les petites communes, les villages sont des outils incontournables en direction du public que nous côtoyons. Même si une seule entité est accueillie dans une commune de grandeur quelconque, elle a toutes ses chances de retrouver l’harmonie et les cadres lui permettant de regagner un équilibre matériel et psychologique.
Les structures qui devront être créées dans les agglomérations devront osciller dans des effectifs entre 2 pour les plus petites communes et 10 pour les plus grandes.
Ces effectifs doivent être à échelle humaine, car il nous faut redonner à la notion d’action sociale ses lettres de noblesse. Car actuellement, le social lié aux personnes en grande précarité ne réside qu’à du gardiennage, à du parcage, de façon à cacher la misère sans vouloir réellement la résorber.
L’aspect qualitatif de ces structures sera atteint, car le personnel social aura matière et outils pour travailler dans de meilleures conditions.
Les fameux irréductibles, que l’on classe irréductibles, parce que l’on n’a pas d’autres formes de structures à leur proposer, pourront trouver un lieu leur convenant de façon à progressivement se sortir de la rue.
L’aspect quantitatif sera également solutionné par le fait que chaque commune de France aura mis la pierre à l’édifice de l’hébergement d’urgence, en créant dans sa commune une structure en harmonie avec sa ville, multipliant les capacités d’accueil générales...
Cette phase est indispensable pour les plus déstructurés d’entre nous que nous appelons les SDF, car si l’on ne passe pas par ses paliers de décompressions sociaux, avant d’accéder au vrai logement, nous cacherons une fois de plus la misère sans la résorber et celle ci s'envenimera encore plus qu’elle ne l’est à l’heure actuelle.
La situation est dramatique, mais jamais rien n’est définitif et inexorable…