C’est ainsi que s’exprimé Auguste Perret, qui a donné son nom à notre tour qui surplombe Grenoble, mais qui s’étiole et s’effrite au fil des années, sans aucunes restaurations ne soient envisagées pour préserver ce merveilleux patrimoine architectural et historique, qui s’élève dans le Parc Paul Mistral.
Un coup de chapeau quand même et un coup de cœur pour cette modeste mise en valeur de cette grande dame, par les illuminations de cet hiver qui j’espère se prolongeront dans le temps, car ce patrimoine, mal connu des Grenoblois, se réduit de jours en jours à un vestige d’un passé.
La tour Perret se situe à l'entrée du parc Paul Mistral, construit en 1925 à l'occasion de l'exposition de la houille blanche (production, transport et distribution de l'énergie électrique).
Elle est octogonale et haute de 80 mètres.
Cette tour était à l'origine une tour d'orientation, mais également une sorte de phare destiné à éclairer les montagnes environnantes.
Elle se compose d'une alternance de piliers et de claustra en béton brut de décoffrage. Elle comporte 3 terrasses en parties hautes. La terrasse principale, accessible par un escalier ou un ascenseur, aujourd'hui désaffecté, offre une vue d'ensemble sur la ville de Grenoble et sur les montagnes environnantes. En effet, de nombreuses personnes venaient se jeter du haut de cette tour, ce qui a entraîné la fermeture de celle-ci.
Aujourd'hui, Auguste Perret râlerait de la voir réduite à un simple relais de télévision.
Né en 1874 à Ixelles (Belgique) où son père, tailleur de pierre, est exilé en raison de son engagement dans le soulèvement de la Commune de Paris, Auguste Perret rejoindra la France à l’âge de sept ans. La famille Perret s’établit alors rue de Vaugirard à Paris après la naissance de Gustave et Claude.
C’est à l’occasion de l’Exposition universelle de 1889 qu’Auguste et Gustave, qui ont alors 15 et 13 ans, commencent leur carrière : leur père, entrepreneur en bâtiment, les associe à la construction de certains pavillons. Tous deux seront plus tard admis à l’Ecole des Beaux-Arts et fréquenteront l’atelier Guadet.
La carrière universitaire d’Auguste est brillante : en 1894 et 1895, il remporte la première des séries d’épreuves du Grand Prix de Rome. Mais l’entreprise paternelle « Perret et Fils », qui deviendra « Perret Frères », se développe et devient active à l’étranger (Algérie, Monténégro, Belgique, Turquie, Grande-Bretagne), obligeant finalement Auguste à interrompre ses études sans obtenir le diplôme.
En janvier 1902, il épouse Jeanne Cordeau, étudiante à l’école des Arts décoratifs.
A partir de 1913, Auguste Perret et son atelier d’architecture réalisent de nombreux édifices publics parmi lesquels le théâtre des Champs-Élysées à Paris - il a alors 39 ans - ainsi que la salle Cortot et le musée des Travaux publics, l’église Notre-Dame-du-Raincy, notre Tour d’orientation de Grenoble, l’aérodrome d’Orly, l’atelier de Marc Chagall à Meudon.
Dans le même temps, il se tourne vers l’enseignement et dirige notamment l’un des ateliers de l’Ecole spéciale d’architecture de Paris. Sa longue expérience de professeur le conduit à proposer quelques hypothèses pour une réforme de l’enseignement de l’architecture. La notoriété du « Maître » dépasse alors celle de Le Corbusier.
Il joue, enfin, un rôle prépondérant dans la reconstruction des villes détruites lors de la seconde Guerre mondiale. En 1946, il est nommé membre du Conseil d’architecture du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, et c’est au Havre qu’il réalise ses dernières créations.
Auguste Perret meurt en 1954 à l’âge de 80 ans. Sa dépouille repose au cimetière Montparnasse, tous comme sa Tour grenobloise se meurt dans le Parc Paul Mistral…